Il y a de multiples manières de parler de la couleur. Les plus accessibles ont en commun une roue, dite roue chromatique ou roue des couleurs. Ces roues sont innombrables, en particulier parce que chacune d'entre elles en génère autant qu'on en veut par symétrie et/ou rotation. C'est pourquoi nous commencerons par fixer quelques repères simples.
Il existe une multitude de roues des couleurs. Toutes conservent l'ordre des teintes en tournant dans un sens ou dans l'autre.
La partie commune à toutes les roues des couleurs se réduit à l'ordre relatif d'apparition des couleurs (rouge-orange-jaune-vert-bleu-violet, dans un sens ou l'autre) mais diffèrent sur la dimension des zones et le contenu de l'intérieur du cercle. La plus simple, qui introduit à la pratique de la peinture :
Roue des couleurs à 12 références, trois primaires Cyan-Magenta-Jaune, trois secondaires et six tertiaires.
L'élément de base, à savoir le triplet des primaires, ici Cyan-Magenta-Jaune (celui de l'imprimante) est lui-même sujet à variation. On trouve en général la variante Bleu-Jaune-Rouge (celle de la tradition) et en particulier la variante Rouge-Vert-Bleu (celle de l'écran) :
Roues des couleurs à 12 références basées sur Rouge-Jaune-Bleu et Rouge-Vert-Bleu
Faut-il savoir laquelle est la bonne ? Mauvaise question. La roue des couleurs n'existe pas : c'est une grande famille de modèles simples, plus ou moins subtils et/ou utiles, sans laquelle il est bien difficile de s'exprimer sur la couleur.
En voici une parmi des dizaines , du site de Bruce MacEvoy :
Cette roue donne une place aux principales catégories de couleurs avec une position personnalisée.
La position des couleurs n'est plus régulière. Au contraire, plus de la moitié des couleurs de référence sont dans moins d'un quart de l'espace disponible. Pourquoi ? Quand on se déplace sur le cercle on change de teinte. Il faut en effet distinguer la couleur (ensemble complexe d'impressions faite à l'œil par une tache colorée), la teinte (la plus simple de ces impressions qui fait dire qu'il s'agit d'un rouge ou d'un bleu) et le pigment (le produit qui a généré la tache). La teinte ou tonalité (T, angle, hue, H) traduite par la position sur la circonférence, est la première caractéristique d'une couleur et la plus accessible. C'est un angle si on se donne une origine :
Un point du cercle est un nombre compris entre 0 et 360. Chaque teinte est donc placée sur le cercle par un angle. Le principe est simple mais il y a bien des manières de s'y prendre.
Nous allons donc placer des couleurs sur un cercle.
Rappelons d'abord qi'il y a deux manières fondamentales de fabriquer des couleurs, celle des écrans et celle des imprimantes. A l'écran on additionne des couleurs, chaque pixel émettant de la lumière. C'est la synthèse additive: les teintes de base sont le rouge, le vert et le bleu (RVB ou RGB red-green-blue). Le mélange des trois primaires donnent la lumière blanche. C'est pourquoi on peut peindre les bâtiments avec des projecteurs :
Couleurs par synthèse additive pour la fête des lumières de Lyon.
Sur le papier les pigments retiennent une partie de la lumière reçue (la nuit tous les tableaux sont gris parce qu'il n'y a pas de lumière à réfléchir !) : une couleur est le résultat de ce qu'on a enlevé à une lumière blanche. C'est la synthèse soustractive. Les primaires sont le jaune, le cyan et le magenta (CMJ ou CMY cyan-magenta-yellow) qui mélangées retiennent toute la lumière et donne le noir. Dans les imprimantes on rajoute un godet noir pour faire des économies.
Quiconque imprime des photos sait bien qu'on passe en permanence de l'un à l'autre en regardant l'écran et le papier imprimé et connaît toutes les distorsions liées à l'un ou l'autre et à son propre regard (yeux-cerveau). C'est encore pire quand on compare l'aquarelle originale, sa reproduction à l'écran et son image papier. La lumière de la lampe a une couleur, les pigments sur le papier la transforme en bien d'autres, l'appareil photo les code, l'écran les reconstitue avec ce code, l'imprimante transforme le code en quantités de pigments qui utilise à nouveaux la lampe.
Lumière du jour, pigments sur la toile, oeil du spectateur : le chemin n'était pas simple. Il est aujourd'hui d'une complexité énorme. On partage ici une expérience entre deux objets, d'une part la couleur ressentie par l'usage de pigments dans l'eau (aquarelle), d'autre part la couleur manipulée par le modèle informatique.
D. Chessel 2020|02|17 http://aquaroue.paulklee.fr/intro/intro1.html Licence CC BY 4.0